Nouvel album - Le rap d'Eminem cible l'Amérique de Trump

Dans «Revival», son premier album studio en 4 ans, le chanteur qui a vendu le plus de disques de l'histoire du rap, s'entoure d'une brochette de stars de la pop (Beyoncé, Alicia Keys, Ed Sheeran et Pink). Âgé de 45 ans, celui qui se surnommait «Slim Shady» dévoile une nouvelle facette, celle d'un chanteur engagé politiquement et alarmé par le sort de son pays, un an après l'élection de Donald Trump qu'il n'hésite pas à comparer à Hitler.

«Il essaie de nous diviser», scande le rappeur, représentant d'une classe défavorisée qui a massivement voté pour Trump, promettant qu'à la fin, «il va réussir à nous unir». Dans «Framed», c'est à la fille et conseillère du président qu'Eminem s'en prend, au risque de créer la polémique: connu pour ses paroles violentes à l'encontre de la gente féminine, il imagine Ivanka Trump retrouvée morte dans le coffre de sa voiture.

Un retour au rap plus cadencé

Longtemps très discret sur la politique, le rappeur est sorti de son silence à l'automne dans un long rap nerveux où, capuche sur la tête, il accusait Donald Trump de racisme et d'incompétence. Visiblement remonté, il a ensuite demandé à ses fans de choisir entre lui et le 45e président des États-Unis. Connu pour son style acerbe et brut, il déroute avec un premier titre «Walk on water», une ballade rythmée dans sa quasi-intégralité par les notes d'un piano et bercée par la voix suave de Beyoncé.

«Est-ce que ça va juste être un nouveau faux pas/Qui viendra ternir le peu d'héritage, d'amour ou de respect que j'ai pu amasser», se demande Eminem dans la chanson, analysant son parcours et tentant de décrypter sa personnalité. À la fin du morceau, il revient au rap plus cadencé qu'on lui connaît et évoque sur un ton sarcastique le titre «Stan», son plus grand tube sorti au début des années 2000.

Des excuses à son amour de jeunesse

Entre flow nerveux et beats, Eminem arpente des territoires plus connus sur les autres titres de l'album - 19 au total - comme «Believe» et «Chloraseptic», où il fait appel au rappeur Phresher de la scène new-yorkaise. Il sample deux classiques rock: «I Love Rock'n Roll» de Joan Jett and the Blackhearts (sur «Remind me») et «Zombie» des Cranberries (sur «In your head»). Sur «Untouchable», il reprend les slogans du mouvement Black Lives Matter, qui dénonce les violences policières contre les Noirs aux États-Unis.

«Je reconnais que ce fut parfois embarrassant d'être blanc», rappe-t-il en apportant son soutien au joueur de football américain Colin Kaepernick. Le quaterback a lancé en 2016 un boycott de l'hymne national en mettant un genou à terre pour dénoncer les injustices raciales. Enfin, Marshall Mathers, son vrai nom, revient sur sa vie privée mouvementée dans «Bad husband», où il présente ses excuses à son amour de jeunesse, Kim, qu'il a épousée à deux reprises et dont il a divorcé autant de fois.

Leur fille Hailie, bientôt 22 ans, a servi d'inspiration pour un des titres les plus forts de l'album, «Castle», où il reprend des lettres qu'il lui a adressées. Conscient d'avoir souvent déballé son linge sale en public, le rappeur promet qu'il en a «fini à 100%» avec l'étalage de sa vie privée. Dont acte.

(L'essentiel/afp)</a>

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