Phoenix au Luxembourg - «Nos titres cachent une double émotion»
«L’essentiel»: Phoenix a toujours revendiqué une certaine légèreté. Est-ce qu’il avait sur «Ti Amo» une volonté d’échapper à l’époque, de voir la musique comme un refuge?
Chris (guitariste): Il y a une légèreté mais toujours de la mélancolie. Nos chansons cachent toujours une double émotion, ça peut être dansant en abordant des sujets sérieux. On a cette dualité en nous, et en particulier sur cet album où on a recherché une sorte de paradis perdu, avec tout le bonheur et la mélancolie qui s’en dégage.
Ce paradis perdu prend la forme d’une Italie fantasmée. Que représente pour vous ce pays?
Laurent (guitariste) et moi sommes d’origine italienne, et cela représente notre enfance, des longues journées d’été, l’innocence, une sorte de clarté dont on avait besoin lorsqu’on a écrit l’album.
Ils seront ce jeudi soir à la Rockhal à Esch-Belval et le concert affiche complet.
C’est un disque très estival, qui a pourtant été finalisé à Noël…
On l’a fini à Noël 2016 mais on l’avait commencé deux années plus tôt. Toutes les saisons se sont passées. On essaie de créer un univers, et on cherchait quelque chose de lumineux et de candide.
«Ti Amo» est plus accessible que «Bankrupt». A-t-il été conçu en réaction?
Le précédent était plus complexe, là nous avons recherché la simplicité. Chaque chanson repose sur une idée simple. Chacun de nos albums est conçu en réaction au précédent, on part d’une page blanche. Il y a toujours un moment où on ne supporte plus le dernier album sorti.
Comment s’est passée la collaboration avec le producteur Pierrick Devin?
Pierrick était déjà ingénieur sur deux de nos albums. Là, nous avons collaboré avec lui pour la production. Philippe Zdar est venu aussi, c’est comme un guide pour nous. Au départ, on expérimente, rien n’est prévu, puis on trouve un producteur en fonction du thème choisi. On a appris la musique ensemble, et c’est dur pour nous de laisser les rênes à quelqu’un.
Vous travaillez dans votre propre studio ou vous changez vos repères à chaque fois?
À chaque album correspond un nouveau lieu, c’était la règle pour pouvoir essayer d’expérimenter et découvrir de nouveaux territoires. C’est une manière pour nous d’éviter toute forme de routine.
Est-ce que vous vous isolez de l’actualité musicale lorsque vous composez?
En général oui, mais c’était différent pour ce disque. On a trouvé un studio au cœur de Paris, la Gaieté Lyrique, qui est aussi une salle de concert. On allait voir en cachette les répétitions des groupes. Pour la première fois, on s’est ouvert. On a ainsi découvert un artiste extraordinaire, Dodi El Sherbini, qui a collaboré avec nous sur les arrangements.
Comment se passe la tournée jusqu’à présent?
Ça se passe très bien. On revient d’Asie, où on a joué pour la première fois en Taïlande, à Kuala-Lumpur. C’était extraordinaire de découvrir ces nouveaux lieux et ces nouvelles cultures. On a travaillé depuis deux ans sur le visuel. On a un énorme miroir incliné derrière nous, et on l’aura au Luxembourg. Il y aura aussi d’autres nouveautés.
- Phoenix. Jeudi, 20h, à la Rockhal, à Esch-Belval. Complet.
(Recueilli par Cédric Botzung)</a>
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