Star en France - Mort de Marcel Azzola, «Monsieur accordéon»

«Son cœur a lâché» lundi matin, chez lui à Villennes-sur-Seine dans les Yvelines, a annoncé Lina Bossati, sa compagne de scène puis de cœur. Nombreux sont ceux qui connaissent sans le savoir ce génie de l'accordéon grâce aux musiques de films de Jacques Tati et à la chanson «Vesoul» de Jacques Brel. Marcel Azzola est entré de plain pied dans la légende avec son chorus d'accordéon époustouflant sur ce titre, en 1968, et le fameux «Chauffe Marcel, Chauffe !» que lui avait alors lancé, survolté, Jacques Brel pendant l'enregistrement.

Outre ce morceau de bravoure, le musicien a aussi contribué à faire progresser l'accordéon d'un point de vue technique et lui a donné un souffle nouveau en «osant le jazz», selon l'expression de Philippe Krümm, responsable du magazine «Accordéon Accordéonistes». Ses héritiers le vénèrent: «Il a toujours été un point de mire», affirme Richard Galliano. "Marcel, c'est une figure emblématique pour ma génération", estime Francis Varis. Son jeu tout en nuances, «dans lequel on ne trouvera jamais une trace de vulgarité» (dixit Francis Varis) et son phrasé «avec une dynamique très particulière, très bebop» (Richard Galliano) forçaient l'admiration. Né le 10 juillet 1927 dans le XXe arrondissement de Paris, de parents immigrés italiens installés à Pantin, le petit «Marcello» a été sensibilisé très tôt à la musique.

Avec Fréhel et Piaf

Après le violon, son père, maçon et musicien amateur, l'oriente vers l'accordéon. Attilio Bonhommi, son second professeur, lui a inoculé l'amour de cet instrument. Après son premier concours en 1937, il accompagne l'année suivante au débotté la chanteuse réaliste Fréhel lors d'un radio-crochet. Sa carrière est lancée. Depuis les années quarante, en se perfectionnant auprès de Médard Ferrero, «Il Professore», il a promené son piano à bretelles partout, de brasseries en dancings, de studios en Six Jours cycliste au Vel'd'Hiv, de tournées avec Yves Montand en aventures dans le jazz, de duos en grands orchestres.

Sa culture classique, son habileté à déchiffrer, ont fait de lui dès la fin des années 40 un accordéoniste de studio très demandé. En 1949, il participe à l'enregistrement de «Sous le Ciel de Paris» d'Edith Piaf. Puis vinrent Gilbert Bécaud, Barbara, Boris Vian, Mouloudji, Juliette Gréco, Francis Lemarque, Yves Montand, entre autres... L'accordéon de Marcel Azzola parcourt aussi la bande-son de nombreux films, comme cette petite mélodie accompagnant M. Hulot sur son solex dans «Mon Oncle» de Jacques Tati. Il a aussi côtoyé les rois du musette: Gus Viseur, et surtout Tony Murena. Il a également fait du bal, animé plusieurs Six Jours cycliste au Vel'd'Hiv, un événement «people» à l'époque, suivi trois Tours de France dans la caravane...

«Une classe folle»

Sa technique lui a aussi permis de se glisser avec aisance dans le monde du jazz, aux côtés de Stéphane Grappelli, Dany Doriz ou Toot Thielemans, et d'être un acteur du rapprochement entre jazz et musette dans les années 80. Professeur à l'Ecole de musique d'Orsay pendant vingt ans, il a milité depuis les années 70, avec ses collègues Joe Rossi, Joss Baselli et André Astier, pour la reconnaissance de l'accordéon. Aboutissement de cet acharnement: l'inscription de cet instrument au CNSM (Conseil national supérieur de musique) de Paris en 2002.

Ce musicien de grande classe se doublait d'un homme charmant, loué pour sa gentillesse et sa modestie. «Il a toujours eu du respect pour les gens», assure Philippe Krümm. Statufié au Musée Grévin de 1969 à 1981, proposé pour la Légion d'Honneur qu'il avait refusée, Marcel Azzola souffrait depuis très longtemps de la Maladie de Dupuytren à la main droite. Le mal s'étant accentué, son activité s'était singulièrement réduite ces dernières années. Il passait l'essentiel de son temps dans la gentilhommière de Villennes-sur-Seine qu'il partageait avec Lina Bossatti, pianiste et violoniste talentueuse.

(L'essentiel/afp)</a>

0 Commentaires

Vous venez de publier un commentaire sur notre site et nous vous en remercions. Les messages sont vérifiés avant publication. Afin de s’assurer de la publication de votre message, vous devez cependant respecter certains points.

«Mon commentaire n’a pas été publié, pourquoi?»

Notre équipe doit traiter plusieurs milliers de commentaires chaque jour. Il peut y avoir un certain délai entre le moment où vous l’envoyez et le moment où notre équipe le valide. Si votre message n’a pas été publié après plus de 72h d’attente, il peut avoir été jugé inapproprié. L’essentiel se réserve le droit de ne pas publier un message sans préavis ni justification. A l’inverse, vous pouvez nous contacter pour supprimer un message que vous avez envoyé.

«Comment s’assurer de la validation de mon message?»

Votre message doit respecter la législation en vigueur et ne pas contenir d’incitation à la haine ou de discrimination, d’insultes, de messages racistes ou haineux, homophobes ou stigmatisants. Vous devez aussi respecter le droit d’auteur et le copyright. Les commentaires doivent être rédigés en français, luxembourgeois, allemand ou anglais, et d’une façon compréhensible par tous. Les messages avec des abus de ponctuation, majuscules ou langages SMS sont interdits. Les messages hors-sujet avec l’article seront également supprimés.

Je ne suis pas d’accord avec votre modération, que dois-je faire?

Dans votre commentaire, toute référence à une décision de modération ou question à l’équipe sera supprimée. De plus, les commentateurs doivent respecter les autres internautes tout comme les journalistes de la rédaction. Tout message agressif ou attaque personnelle envers un membre de la communauté sera donc supprimé. Si malgré tout, vous estimez que votre commentaire a été injustement supprimé, vous pouvez nous contacter sur Facebook ou par mail sur feedback@lessentiel.lu Enfin, si vous estimez qu’un message publié est contraire à cette charte, utilisez le bouton d’alerte associé au message litigieux.

«Ai-je le droit de faire de la promotion pour mes activités ou mes croyances?»

Les liens commerciaux et messages publicitaires seront supprimés des commentaires. L’équipe de modération ne tolérera aucun message de prosélytisme, que ce soit pour un parti politique, une religion ou une croyance. Enfin, ne communiquez pas d’informations personnelles dans vos pseudos ou messages (numéro de téléphone, nom de famille, email etc).

Let's block ads! (Why?)

Star en France - Mort de Marcel Azzola, «Monsieur accordéon»

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Sortie musicale - Le génial Bon Iver sort des ténèbres avec «i,i»

Concert au Luxembourg - «Oh Djadja», Aya Nakamura a vu grand à la Rockhal

NBA - Quand LeBron James décide de se mettre au rap